Les étudiants doivent parfaitement appréhender la transformation numérique des entreprises
Interviews
Publié le 27/07/2016
Auteur : Christophe Castro
Interview - Renaud Cornu-Emieux, professeur à Grenoble Ecole de Management et fondateur de l’EMSI Grenoble (École de Management des Systèmes d’Information).
Vous êtes spécialiste de la génération digital native. Quelles en sont les caractéristiques essentielles vis-à-vis du numérique ?
Il est réducteur de présenter cette génération par ses seuls usages logiciels ou numériques. C’est plutôt sur un plan sociologique qu’il convient d’essayer de la caractériser. Ces jeunes évoluent dans un monde où le travail ne se délimite plus de façon stricte dans le temps.
Par ailleurs, ils sont bien conscients d’être des individus suffisamment autonomes pour aller chercher eux-mêmes la bonne information. Tout en étant conscients également d’appartenir à des communautés où leur e-réputation est en jeu.
Et comme nous tous aujourd’hui, ils pratiquent l’ubiquité, laquelle se traduit notamment par l’usage simultané de plusieurs écrans. Enfin ils accordent de la valeur à une information, mais à condition qu’elle soit délivrée au moment où ils en ont besoin – sinon ils se sentent spammés, en quelque sorte. Ces éléments de cadrage sont importants pour leur proposer des pédagogies adaptées, notamment numériques.
Dans quelle mesure les jeux vidéos ont-ils une influence sur les façons de s’informer des digital natives, voire de se former ?
Il a été fréquemment observé que cette génération redoute l’ennui par dessus tout. D’où une certaine boulimie de relation et d’interactions, que les jeux vidéos exploitent particulièrement bien. Ce goût pour la stimulation, le challenge, les échanges fréquents et rapides peut être mis à profit sur le plan pédagogique – à la manière des serious games notamment.
A l’EMSI, quel usage pédagogique faites-vous des logiciels professionnels ?
Bien que nous ayons participé à des échanges avec le Club Utilisateur de Cegid Education, nous ne sommes pas dans l’apprentissage des disciplines qui reposent sur des progiciels, telles que la comptabilité, la gestion de production, par exemple. Notre logique est d’apprendre à des étudiants, de bac+3 à bac+5, à manager des Systèmes d’Information. Pour cela, nous utilisons des éléments pédagogiques de Cegid en tant que supports, pour de la conduite de projets, par exemple.
Comment répondez-vous aux attentes d’employabilité des élèves de l’EMSI ?
Sur le marché très particulier des emplois en Systèmes d’Information, les talents et la formation des personnes sont déterminants – la pénurie des personnes formées y étant structurelle. D’où l’obligation que nous nous sommes donnée à l’EMSI de faire reposer la pédagogie sur le monde de l’entreprise et ses pratiques.
Cette volonté se traduit par un enseignement en alternance sur l’ensemble des cursus de l’EMSI, avec les 2/3 du temps passé en entreprise. La quasi totalité de nos intervenants sont des praticiens. Notre comité scientifique et pédagogique, présidé par le Président du Cigref, Pascal Buffard, regroupe des spécialistes ou de grands utilisateurs du numérique, tels que IBM, Oracle, La Poste, AXA, Euro Disney, Syntec Numérique, Hardis, SIA Partners ou Cegid. Enfin, nos étudiants travaillent toute l’année sur des business cases proposés puis évalués par des entreprises.
Utilisez-vous à l’EMSI des outils numériques pédagogiques particuliers et pour quels usages ?
Nous accueillons à EMSI des profils d’étudiants très différents, provenant de l’informatique, du management, des médias, etc. Dans le cadre d’une mise à niveau, réalisée en amont, nous recommandons l’usage de certains MOOC dont nous ne sommes pas auteurs.
Quels sont les enjeux autour de la maîtrise des systèmes d’information en entreprise ?
La transformation digitale des entreprises est une réalité incontournable aujourd’hui. Elle se traduit par un enjeu d’adaptation extrêmement rapide au marché. Et dans ce contexte, la maîtrise du numérique par les entreprises peut entraîner des réussites exceptionnelles… ou engendrer des fiascos, voire des faillites ! Un bon produit ou un bon service ne suffisent plus : leur médiatisation et leur accessibilité sur Internet ou sur smartphone deviennent déterminants. Il est donc vital de transmettre les impératifs stratégiques de la transformation numérique des entreprises aux dirigeants de ces entreprises.
Les 2 conseils de Renaud Cornu-Emieux
Accordez à l’entreprise sa juste place dans votre réflexion pédagogique
et placez-vous dans une logique d’adaptation constante, d’accélération et d’agilité, qui est celle de la transformation numérique des entreprises.
N’hésitez pas a constituer ou rejoindre des groupes de réflexion
créative et pédagogique réunissant des enseignants, des entreprises et des startup, sur le thème des compétences à acquérir aujourd’hui et demain.
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