Amener les étudiants à trouver eux-mêmes les solutions dans les logiciels

Retour à la liste des articles

Interviews

Publié le 16/09/2016

Sur le plan pédagogique, l’objectif prioritaire est l’autonomisation des étudiants. On constate bien souvent qu’ils ont tendance à se focaliser sur la manipulation logicielle et à perdre de vue la problématique de gestion. Certains documents pédagogiques renforcent cette disposition, en présentant simultanément la problématique métier et le mode opératoire du logiciel. J’ai donc pour habitude de présenter la problématique d’abord, puis de ne donner que des pistes pour que les étudiants trouvent eux-mêmes des solutions logicielles : je les laisse ainsi découvrir le mode opératoire au fil des besoins du cas traité, en toute autonomie.

classe

Daniel Perrin Toinin est Professeur agrégé, Coordonnateur du CRCF (Centre de Ressources Comptabilité Finance), enseignant en BTS Comptabilité Gestion (Académie de Grenoble),responsable du groupe PGI de l’Académie de Grenoble et auteur de plusieurs livres pédagogiques.

Quelle approche pédagogique préconisez-vous concernant les logiciels professionnalisants ?

Sur le plan pédagogique, l’objectif prioritaire est l’autonomisation des étudiants. On constate bien souvent qu’ils ont tendance à se focaliser sur la manipulation logicielle et à perdre de vue la problématique de gestion.

Certains documents pédagogiques renforcent cette disposition, en présentant simultanément la problématique métier et le mode opératoire du logiciel. J’ai donc pour habitude de présenter la problématique d’abord, puis de ne donner que des pistes pour que les étudiants trouvent eux-mêmes des solutions logicielles : je les laisse ainsi découvrir le mode opératoire au fil des besoins du cas traité, en toute autonomie. On peut trouver plus de détails dans les documents «Le scénario pédagogique en économie-gestion» et «TIC et Eco-GEstion», que j’ai publiés sur prezi.com.

Cette approche pédagogique est cohérente avec des outils logiciels comme les PGI, dont la richesse fonctionnelle est immense, et avec lesquels il existe souvent plusieurs modes opératoires pour aboutir au même résultat. Ce qui impose d’apprendre à interpréter les messages fournis par le logiciel. Les étudiants doivent être autonomes, c’est-à-dire apprendre à trouver dans le logiciel les portes d’entrée vers une solution. Et ils y arrivent très bien !

En quoi consistent vos travaux et responsabilités pédagogiques ?

J’ai pris la direction du groupe PGI de l’Académie de Grenoble en 2008, organisé autour du PGI (Progiciel de Gestion Intégré ou ERP) de Cegid, logiciel qui disposait déjà de l’habilitation RIP (Reconnu d’Intérêt Pédagogique par le Ministère de l’Education Nationale).

Depuis le début, nos travaux consistent à créer des usages pédagogiques avec ce logiciel professionnalisant, pour les Premières, Terminales et BTS. Notre groupe reste aujourd’hui très ouvert aux échanges avec d’autres enseignants ou groupes académiques.

Par ailleurs, en tant que Coordonnateur du CRCF (Centre de Ressources Comptabilité Finance), j’anime un réseau de ressources national regroupant une douzaine de contributeurs. Nos travaux concernent notamment la production de ressources pédagogiques sur les PGI pour les enseignants. Nous travaillons actuellement à la rénovation du BTS CG (comptabilité gestion), pour la rentrée 2015.

Cette approche est-elle adaptée à tous les étudiants ?

Je constate surtout que cette approche reste déconcertante… pour les enseignants ! Dans ce cas, je les incite à faire confiance aux étudiants, lesquels n’ont aucune inhibition par rapport aux logiciels. Quant aux étudiants, certains préfèrent être guidés et d’autres préfèrent l’exploration. La bonne solution consiste à essayer de constituer des groupes où ces deux profils peuvent travailler ensemble.

Quels sont les nouveaux enjeux pédagogiques d’outils tels que les PGI ?

Les enjeux pédagogiques se sont progressivement transformés, en calquant leur évolution sur celle des entreprises. La saisie manuelle des données tend à perdre de l’importance, dans la mesure où elle est de plus en plus souvent remplacée par la dématérialisation des documents, ou par d’autres méthodes d’acquisition automatique des données.

L’enjeu actuel est donc plutôt de savoir repérer des éléments pertinents pour résoudre une question de gestion, dans des volumes de données importants en utilisant des outils qui sont eux-mêmes complexes. Un enjeu qui amène à faire porter l’attention des étudiants sur les fonctions exploitation, recherche et contrôle.

Les 3 conseils de Daniel Perrin Toinin

  • Déterminez d’abord la problématique métier et fixez vos objectifs quand vous construisez vos scénarios pédagogiques. Puis complétez la présentation du cas avec des documents annexes concernant le logiciel.
  • Essayez de constituer des groupes d'étudiants complémentaires où coexistent des profils aux degrés d’autonomie différents.
  • Restez en état de veille permanent concernant l’évolution des métiers de gestion et celle des outils numériques. Les réseaux de ressources nationaux et les sites du Conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables sont de bons points de départ.