Les DRH doivent donner aux jeunes les moyens d’innover

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Idées

Publié le 21/07/2016

Auteur : Christophe Castro

Pascal Guillemin est Directeur des Ressources Humaines du groupe Cegid. Il exprime sa vision du rôle que se doit de jouer une direction des ressources humaines dans la transformation numérique de l’entreprise.

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Pascal Guillemin est Directeur des Ressources Humaines du groupe Cegid. Il exprime sa vision du rôle que se doit de jouer une direction des ressources humaines dans la transformation numérique de l’entreprise.

Quel rôle peut jouer la DRH dans la transformation numérique de l’entreprise ?

Si le rôle joué par les DRH sur l’accompagnement des entreprises dans leur transformation est aujourd’hui le « service minimum », la DRH a un vrai rôle à jouer dans la transformation digitale de l’entreprise. Elle doit être un moteur et un facilitateur de cette transformation. En effet, dans l’entreprise, un seul acteur ne peut suffire à engager et à réussir un tel changement. Le préalable est que la Direction Générale soit elle-même engagée et de façon suffisamment visible.

Sur cette base, la DRH peut mettre en œuvre un certain nombre d’éléments de transformation, qui relèvent de son champ d’action :

  • la formation et l’apprentissage : le rôle de la DRH est d’accompagner l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, dont celles liées au numérique,
  • la transformation de la DRH elle-même : dans le cas de Cegid, cela se traduit notamment par une dématérialisation des flux (workflow des congés, bulletins de paie…),
  • la participation à la diffusion de nouveaux modes de travail et la constitution de groupes de travail transverses : en mettant l’accent sur le collaboratif, organisé avec ou autour d’outils numériques. Cette approche suppose de gérer la dimension hiérarchique de façon différente, plus agile, en favorisant le «mode projet». Ce changement de méthode de travail implique, pour une bonne réussite, la formation des collaborateurs au management transversal, puisque c’est tout un système hiérarchique qui est peu ou prou remis en question.

L’intégration du numérique est un élément essentiel de transformation de l’entreprise. En demandant un effort d’adaptation à « tous les étages », le numérique participe à l’évolution de l’entreprise, lui permettant de percevoir les changements et de s’y adapter en transformant d’éventuels risques en opportunités.

Parmi les nouveaux rôles de la DRH, on cite de plus en plus souvent le recrutement de talents, capables de porter la transformation numérique dans l’entreprise. Quelles sont les qualités techniques et humaines les plus importantes ?

Le recrutement de talents est l’un des rôles-clés de la DRH. Dans le cas de talents numériques, ceux-ci doivent correspondre selon moi à une «règle des 3 P» :

  • Pédagogie : un collaborateur dont le rôle est de transmettre son savoir-faire aux équipes doit avoir des qualités pédagogiques, une aptitude à partager son savoir. L’enjeu n’est pas seulement de disposer d’une expertise mais d’être capable de la formaliser de façon claire,
  • Partage : retranscrire ses connaissances n’est pas suffisant, il faut aussi veiller à créer et à entretenir une dynamique de partage des connaissances au sein d’une équipe ou d’un groupe,
  • Passion : cette qualité est nécessaire, face à toute situation de changement. Seuls les passionnés arrivent à conduire le changement, et à en communiquer l’envie aux autres. Un expert pointu et sûr de lui ne suffit donc pas.

Notre système éducatif prépare-t-il les individus à développer une culture du numérique et de l’innovation ? Que faudrait-il soutenir et développer ?

De même que nos sociétés attendent beaucoup des entreprises, elles attendent beaucoup du système éducatif. D’un côté, l’éducation construit sur le long terme, de l’autre côté, l’entreprise fonctionne dans l’instant. La compatibilité entre ces deux dimensions n’est pas toujours évidente !

L’entreprise ne peut délivrer les compétences initiales, mais elle peut accompagner et renforcer ces compétences. Et le système éducatif ne peut pas répondre à la totalité des besoins des entreprises, lesquels sont très fluctuants. En revanche, il peut préparer les jeunes au changement.

L’entreprise évolue dans un monde qui évolue rapidement et en profondeur. Le système éducatif peut transmettre des fondamentaux : la curiosité, un certain goût du risque et de l’expérimentation. Tout l’enjeu consiste à rapprocher ces deux univers, à les amener au partage d’expérience et au dialogue. C’est comme cela que pourront se construire les entreprises innovantes dont nous avons tous besoin.

Pour ma part, je suis très optimiste : les jeunes que j’ai la chance de rencontrer ont des profils très divers. Ils ont des facettes multiples et ne semblent pas enfermés dans leurs convictions ou dans des modèles. Le rôle des nouvelles générations est justement d’amener un sang neuf, un nouveau regard, une critique positive de l’existant. Les entreprises et leur DRH doivent leur donner les moyens de les exprimer et d’innover. Dans le cadre des échanges entre les entreprises et le monde de l’éducation, il faut donc faire confiance aux jeunes et leur offrir des opportunités : ils sont un élément essentiel de la transformation des entreprises !