Il faut viser l’employabilité tout au long de la vie

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Interviews

Publié le 21/07/2016

Auteur : Christophe Castro

Antoine Amiel est spécialiste des outils et des méthodes pédagogiques numériques. Il a fondé LearnAssembly, l’université collaborative des entrepreneurs et des professionnels du web. Cette startup utilise notamment la vidéo, les MOOC, l’e-learning et le présentiel pour transmettre un savoir technique ou professionnel. Il anime également les conférences French Touch de l’Education.

photo d'un bureau

Antoine Amiel est spécialiste des outils et des méthodes pédagogiques numériques. Il a fondé LearnAssembly, l’université collaborative des entrepreneurs et des professionnels du web. Cette startup utilise notamment la vidéo, les MOOC, l’e-learning et le présentiel pour transmettre un savoir technique ou professionnel. Il anime également les conférences French Touch de l’Education.

Quel bilan faites-vous de l’usage des outils numériques pédagogiques ?

Après mes études littéraires, quand j’ai rejoint HEC Paris en 2010, ces outils étaient pratiquement inexistants… Aujourd’hui, notamment avec les cours en ligne et les MOOC, le paysage a beaucoup changé. Mais bien souvent ces nouveaux outils pédagogiques sont tournés vers l’extérieur : ils visent à développer la notoriété de l’établissement et à recruter des étudiants. On peut regretter que ces nouveaux outils numériques ne soient pas assez souvent intégrés dans la pédagogie.

De même, certains dispositifs (tels que les tableaux blancs ou les tablettes) ne sont pas utiles sans contenus pédagogiques adéquats. Cette situation suppose que les enseignants puissent développer des contenus et soient formés pour le faire. Or, dans le cadre de la formation continue des enseignants, la France est l’un des pays les plus mal classés au sein de l’OCDE. Ce qui conduit à des pratiques d’autoformation, par ailleurs efficaces et nécessaires.

Que recommandez-vous aux enseignants qui souhaitent développer leurs connaissances ?

Il y a aujourd’hui, en France, un véritable écosystème de l’éducation par le numérique. Il est aussi très dynamique, innovant et ouvert aux échanges – ce qui constitue une opportunité pour les enseignants d’échanger et de progresser avec leurs pairs, mais aussi de croiser leur expérience avec des responsables en entreprise. Il faut sortir des silos dans lesquels nous enferment nos professions respectives !

Pour un enseignant, il n’y a aucune raison aujourd’hui de travailler isolé. Ces échanges informels sont aussi une bonne occasion de développer ensemble une certaine culture de la positivité, importante pour les jeunes apprenants.

Pour vous, la notion d’employabilité revêt un sens particulier. lequel ?

Il est effectivement nécessaire d’améliorer l’employabilité des étudiants, dès la sortie d’établissement. Mais cela ne suffit pas : il faut aussi viser l’employabilité tout au long de la vie (comme on parle de formation tout au long de la vie). C’est donc une disposition à apprendre qui doit être transmise, plutôt que la simple aptitude à maîtriser un logiciel, par exemple. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’on a un diplôme que l’on est employable à vie !

Et j’ajouterais qu’au-delà de l’employabilité, il me paraît justifié de viser le bonheur au travail – ce qui est peut-être un trait de ma génération ou de notre époque. Or cet épanouissement n’est possible que si on développe les aptitudes à l’autonomie, à l’amélioration continue et à l’échange.

Quels seraient les nouveaux rôles des enseignants ?

Nous sommes dans l’ère de l’infobésité. Face à cette immensité, qui peut décourager et se révéler contre productive, l’enseignant peut jouer un double rôle. En amont, il peut servir de filtre, c’est-à-dire orienter vers des sources pertinentes. Et en aval, éveiller la curiosité, donner envie d’aller faire ses découvertes, de se challenger… La posture de l’enseignant comme détenteur du savoir n’est plus d’actualité : ce modèle très transmissif, où le professeur déclame, est un peu périmé. Il évolue vers un rôle de mentor.

Il me semble également intéressant de souligner que la transformation digitale c’est l’accélération du changement dans l’entreprise. Des qualités d’agilité, de rapidité, de mise à jour constante des connaissances et des compétences deviennent essentielles.

Les 3 conseils d’Antoine Amiel

  • DÉVELOPPEZ VOS CONNAISSANCES grâce à la veille et à des échanges réguliers avec des communautés d’enseignants, de formateurs et de professionnels en entreprise.
  • PROPOSEZ A VOS ETUDIANTS DE DOCUMENTER LEUR APPRENTISSAGE,voire de créer quelques supports de cours (vidéo, tutoriel, conseils d’utilisation, éléments d’aide en ligne, etc.).
  • IMPLIQUER VOS ETUDIANTS DANS LA PREPARATION DE CERTAINS COURS, de façon à améliorer ensemble «l’expérience utilisateur» de ces cours.Découvrir nos solutions