Outils numériques et pédagogie: les trois enjeux majeurs.

Pour les entreprises: accélérer la transformation numérique.

La transformation numérique des entreprises françaises est en marche… mais il faut l’accélérer !

C’est l’une des grandes conclusions de l’étude Mc Kinsey : «Accélérer la mutation numérique des entreprises» (septembre 2014). L’enjeu est considérable : le numérique représenterait déjà 5,5 % du PIB et 3,3 % de l’emploi salarié, et pour les entreprises.

L’étude identifie une opportunité de progression de 30 à 40 % de l’Ebitda. Les consommateurs français ont bien intégré les usages numériques dans leur quotidien. Pour leur part, nos entreprises, comparées à leurs concurrentes européennes, n’auraient certes pas de grand retard structurel, mais elles seraient moins avancées dans leurs pratiques (intégration des réseaux sociaux, achats en ligne…).

Parmi les freins identifiés par Mc Kinsey : un déficit de compétences numériques dans l’entreprise, et un manque d’implication visible des dirigeants. Les défis de la transformation numérique sont nombreux, et beaucoup sont stratégiques pour une entreprise ou un secteur d’activité.

En France, deux initiatives récentes aboutissent à de nouvelles propositions susceptibles d’accélérer l’intégration harmonieuse du numérique :

• le lancement par le gouvernement français, en octobre 2014, d’une concertation citoyenne sur les enjeux sociétaux et économiques liés aux: transformations numériques, confiée au Conseil National du Numérique
• la remise du Rapport Lemoine au ministère de l’Économie et de l’Industrie, en novembre 2014, sur le thème « Comment permettre à l’économie française de s’adapter aux défis et aux transformations apportés par le numérique ?».

Autres défis à venir : selon certaines projections, notamment du think tank Bruegel, la France devrait connaître dans les 20 prochaines années un niveau d’automatisation susceptible d’affecter près de 50% des emplois.

Créativité, intelligence collective et adaptation du système éducatif doivent devenir des priorités françaises et européennes pour que la transformation numérique soit une réussite. En effet, pour de nombreux spécialistes, la transformation numérique ne peut se résumer à un simple changement d’outils.

Des changements de comportements, d’organisation et de pratiques managériales s’imposent : avec de nouveaux liens numériques, ce sont de nouvelles relations au travail qui se créent.

C’est donc désormais l’intelligence collective qui doit être mobilisée, ce qui suppose ’intégrer les pratiques qui la favorisent : agilité, hiérarchies aplaties, élimination des silos, esprit «intrapreneurial», culture de l’innovation, recherche de nouveaux modèles économiques, passage d’un management présentéiste de type «command and control» à un management par objectifs reposant sur la confiance…

Autant de nouvelles compétences stratégiques, à acquérir et diffuser pendant la phase d’appropriation des nouveaux outils numériques par les  élèves et les étudiants !

Pour les étudiants: s’adapter aux outils et aux emplois, aujourd’hui et demain.

Mais paradoxalement pour qu’elle parvienne à une maîtrise effective des progiciels, il convient de ne pas centrer l’enseignement sur les modes d’emploi logiciels.Pour les enseignants que nous avons interrogés, il est absolument nécessaire de faire prendre de la hauteur aux étudiants, c’est-à-dire très concrètement :

• de les amener à comprendre les processus métiers, indépendamment de leurs modalités logicielles particulières,
• à travers l’usage de progiciels intégrés, de leur faire percevoir leur rôle ponctuel mais aussi leur impact global sur l’entreprise et ses équipes.

C’est à ces conditions que l’étudiant pourra s’adapter aux procédures, aux outils logiciels et aux évolutions structurelles de son entreprise, tout au long de sa carrière. Par ailleurs, les métiers de la gestion semblent connaître une évolution importante.

Au-delà de leurs fonctions traditionnelles – l’établissement et l’analyse des comptes – ces métiers tendent à se rapprocher des sphères stratégiques de l’entreprise. Dans les PME-PMI notamment, les conseils des comptables et experts comptables sont de plus en plus sollicités par les dirigeants : fiscalité, demandes de subventions, partenariats, développement de la croissance, choix informatiques…

C’est pourquoi une vision transversale de l’entreprise doit s’acquérir très tôt. Les logiciels professionnalisants, et notamment les Progiciels de Gestion Intégrés, en raison de leur rôle transverse et structurant, ont un rôle pédagogique essentiel à jouer.

Pour les enseignants: accompagner les étudiants, suivre l’évolution des progiciels et des usages en entreprise

Les enseignants rencontrés sont unanimes : leur posture a dû changer radicalement. Le modèle de la classe inversée s’est imposé, modèle qui place l’étudiant au centre des activités et donne à l’enseignant un rôle d’accompagnant ou de mentor.

Ce nouveau paradigme a un double avantage :

• il convient mieux aux particularités des étudiants en économie-gestion d’aujourd’hui,
• ce changement de posture est le seul à pouvoir conduire à une prise d’autonomie suffisante pour maîtriser les progiciels actuels et futurs, dont la richesse fonctionnelle ne cesse d’augmenter.

Pour l’enseignant, un second défi consiste à identifier et à produire des contenus pédagogiques pertinents, c’est-à-dire parfaitement en phase avec les usages professionnels actuels et futurs.

Le troisième défi pour l’enseignant est de maintenir ou développer son niveau de connaissances, au fil de l’évolution des progiciels et des métiers, et en lien étroit avec les entreprises. Au sein du corps enseignant, les initiatives se multiplient donc pour co-créer et échanger les bonnes pratiques pédagogiques autour du numérique.

Ces initiatives se trouvent regroupées dans de nombreux sites, portails et forums parmi lesquels : Enseigner et former avec le numérique (Mooc), Moocs en Economie-Gestion, Portail national : le numérique en Economie-Gestion.