Rénovation du BTS CG : premières impressions et ressentis

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Interviews

Publié le 03/04/2017

Auteur : Christophe Castro

Depuis la rentrée 2015, le BTS CG (Comptabilité et Gestion) a remplacé le BTS CGO (Comptabilité et Gestion des Organisations), dont la dernière session s'est tenue en 2016.

Lycée Roosvelt

Qu’est-ce qui a changé du côté des enseignants, des étudiants et des entreprises accueillant des stagiaires ? Voici quelques premières réponses, recueillies auprès de Bénédicte Louis (Directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques tertiaires du lycée Roosevelt, à Reims) et Hélène Boin (Enseignante en BTS CG, et ressource TIC au lycée Roosevelt).

L’un des objectifs phares de cette rénovation du BTS CG est, de toute évidence, d’augmenter l’employabilité des étudiants. Pour les enseignants, cet objectif d’employabilité a permis de donner un ancrage très réaliste. Il a également permis d’affiner les objectifs pédagogiques, en se calant sur des situations professionnelles identifiées.

Au lycée Roosevelt, cet alignement sur les réalités de l’entreprise passe par des rencontres avec les maîtres de stage. Ces derniers sont chargés de la supervision des stagiaires sur le lieu de travail. En 2016, l’initiative a été prise d’informer les maîtres de stage sur les nouveautés introduites par le diplôme. Ces dialogues avec les enseignants sont fréquents et, après le stage, les échanges entre l’étudiant et son enseignant tuteur prennent le relais. Quant au bilan de stage, il réunit l’étudiant, le tuteur, et le maître de stage.

Ce qui change au niveau du stage CG

Le dialogue entre le tuteur et le maître de stage est centré sur les compétences à développer pendant le stage. Précédemment, dans le cadre du BTS CGO, les maîtres de stage étaient habitués à un cadrage de type opérationnel. Mais avec la rénovation, les enseignants se focalisent plutôt sur l’analyse du processus dans lequel l’étudiant va se placer. Il lui est demandé d’observer et de réfléchir davantage au cours de cette immersion. L’étudiant devra donc prendre de la hauteur, être capable d’analyser et d’expliquer, et si possible, d’aller au-delà du rôle d’exécutant !

Ce changement de posture des étudiants est très important : c’est en devenant pro-actifs qu’ils seront en mesure de porter la transformation numérique en cours dans les entreprises. L’étudiant est donc encouragé à comprendre les processus qui se déroulent dans le SI (Système d’information) de l’entreprise. Sans quoi, il risque de ne pas s’y retrouver dans le chaînage des processus métier…

L’étudiant doit finalement comprendre, pour chacune des actions qu’il entreprend, quel sera l’impact sur le SI. Et bien sûr, au début, c’est une difficulté pour la majorité des étudiants ! Le rôle du tuteur est ici de collaborer avec le maître de stage pour qu’ils puissent ensemble construire un accompagnement plus adapté à l’esprit de la rénovation. Et ainsi être plus à même de guider l’étudiant dans son questionnement, de le « tirer vers le haut » en lui donnant des informations de contexte suffisamment générales.

Les PGI, au centre des pratiques pédagogiques

Au lycée Roosevelt de Reims, la première promo BTS CG sortira en fin d’année scolaire 2017. Il est trop tôt pour faire un bilan complet, mais on constate déjà qu’on ne fait plus cours de la même façon ! Ce qui se traduit notamment par un accompagnement plus important de l’étudiant dans la compréhension et l’utilisation du PGI (Progiciel de Gestion Intégré, ou ERP – Enterprise Resource Planning ).

Selon les enseignants, il faut donner aux étudiants une grande diversité d’outils numériques, dont font partie les PGI. Idéalement, les ressources numériques devraient être à la disposition des étudiants et des enseignants, avec des espaces de travail ouverts.

Quand les étudiants effectuent leur première période en milieu professionnel, il arrive que les entreprises ne puissent pas leur proposer des stages à haute valeur pédagogique. C’est pourquoi les enseignants jouent ici un rôle important, en aidant les étudiants à donner du sens à ces situations professionnelles et à les intégrer dans des scénarios plus complets, exploitables en vue des épreuves.

Bien évidemment, cela nécessite pour les équipes pédagogiques de se projeter sur plusieurs promos afin d’élaborer des scénarios suffisamment étoffés. Cette démarche didactique doit permettre aux étudiants de s’approprier les compétences à maîtriser. Au final, plus les étudiants pourront manipuler les outils numériques et le PGI, et plus ils pourront les maîtriser et surtout se familiariser avec des processus implicites et inhérents à la bonne gestion d’une entreprise.

Les PGI : quelles clés de compréhension pour les étudiants ?

Les étudiants qui maîtrisent le mieux le PGI sont ceux qui ont une bonne compréhension des bases de données relationnelles. Les informations et les processus gérés par le PGI reposent sur ce modèle : du coup, s’il est mal compris, l’enchaînement des tâches ne sera pas très clair pour l’étudiant. Il y a donc une complexité sous-jacente aux PGI, à laquelle s’ajoute une grande richesse fonctionnelle qui est déconcertante au début.

Au Lycée Roosevelt, dans le cadre du BTS CG, c’est le PGI Yourcegid qui est mis à disposition des élèves sur un intranet. Les étudiants peuvent s’organiser autour de créneaux en libre-service. Le choix de l’outil CEGID s’est fondé sur sa dimension professionnelle et sa notoriété auprès de la profession (cabinet d’expertise comptable, grande entreprise, …). L’équipe pédagogique a basé son choix sur un critère principal : le caractère professionnalisant de l’outil pour les étudiants.

Enseignants : nouveaux enjeux, nouvelles pratiques

Les enseignants du lycée Roosevelt travaillent avec les supports pédagogiques et des études de cas faits par l’équipe pédagogique du CRCF (Centre de Ressources Comptabilité et Finance pour le BTS CG). Les scénarios pédagogiques sont adaptés en fonction des besoins constatés et des situations rencontrées, c’est-à-dire des incompréhensions exprimées par les étudiants.

Que pensent les enseignants de leurs stages CERPEP ? Le bilan global semble très positif, avec 3 grands bénéfices : une meilleure connaissance de l’outil (notamment au niveau de l’intégration des données), des informations complémentaires sur les paramétrages du système, et des opportunités d’échange (en termes de pratiques pédagogiques, avec les participants et le formateur).

Il n’est donc pas exagéré de dire que la rénovation du BTS CG conduit finalement à une polyvalence accrue des enseignants au niveau des processus métiers !

Les PGI, outils de professionnalisation des étudiants

Aujourd’hui, du fait des enjeux de la rénovation concernant la professionnalisation des étudiants, de nouveaux besoins émergent. Les étudiants doivent être capable de comprendre les apports du PGI sur le suivi des activités de gestion. Car c’est à travers l’utilisation du PGI qu’ils découvrent que le SI n’est pas seulement un « système statique – opératoire » mais davantage un « système dynamique – organisationnel ».

Quel est le ressenti, côté étudiants ? Bien souvent, c’est au moment où ils abordent les notions de profil et de droits d’accès, qu’ils réalisent comment chaque acteur (DRH, comptable, acheteur, commercial) peut intervenir sur la base de données, et dans quelle mesure. Au lycée Roosevelt, c’est un travail à faire en groupe : chacun fait ses tests en changeant de rôle, et en mesurant les effets de ses actions sur la base de données unique. Pour les étudiants, la prise de conscience de cette transversalité du PGI est un moment fort de leur formation.

Au final, ce qui compte ce sont les dispositions de l’étudiant à poursuivre son apprentissage de l’outil, ou d’un nouvel outil, plutôt que simplement maîtriser les pratiques trop opératoires liées à des tâches spécifiques. En ce sens, l’étudiant dispose de compétences à faire valoir sur son CV !